Skip to main content

Toilette Suprême

Installation, 2006

L’installation de Rémi Boinot dans le Chapitre du Cloître de la Psalette est une proposition qui interroge la transmission et l’héritage dans notre culture et dans celle de l’Extrême-Orient. Le dispositif est très simple, épuré même. Les deux plateaux superposés, sont en relation étroite : le bonsaï mort alimente en eau une fragile pouce de papyrus. L’eau coule invisiblement par un lent goutte-à-goutte depuis le niveau supérieur. Chaque goutte qui chute provoque un mouvement léger de la feuille de papyrus. clepsydre primitive, cette l’installation parle d’un certain rapport au temps et au mouvement. À quelques mètres, un petit écran LCD diffuse en temps réel l’image de la feuille qui reçoit l’eau. L’image est légèrement surexposée, les couleur sont un peu passées. Comme une reproduction technique infidèle, l’image diffusée s’inscrit comme un troisième élément révélateur d’un certain état de la situation, et par extension du monde en général. Cette médiation impropre sert d’indice pour apercevoir ce qui n’est plus vu ou auquel le regard s’est lentement déshabitué. Le monde naturel possède un rythme avec lequel nous avons rompu. La logique qui s’immisce est celle d’un regard oriental. L’arbre mort qui nourrit la jeune pousse est un mode d’approche de toute transmission vitale. La présence mystérieuse de ce qui est mort, parmi les vivants, est une source d’alimentation intarissable. Chacun peut et doit s’y nourrir. Comme les ancêtres toujours présents, discrets guides de la vie contemporaine, ils oeuvrent en retrait mais non sans importance. La transmission n’est pas un acte historique à partir duquel un devenir émancipé peut se construire. Dans la culture orientale, elle est une continuité permanente. Le temps n’est pas linéaire. Il fonctionne par strates. C’est pourquoi le temps n’est pas quantifiable, il est à contempler. La transmission se fait ainsi, dans ce rythme invisible pour nos regards occidentaux, elle opère par accumulation de strates qui se pénètrent les unes les autres. Elles sont donc toutes absolument contemporaines. Rémi Boinot place métaphoriquement cet état de fait sous nos yeux, il ne nous reste plus qu’à le voir.

Jérôme Diacre

Toilette Suprême
vue de l'exposition collective MetzBau, Galerie des Jours de Lune, Metz, 2014

Vue de l'exposition collective L’un/Foule, la Psalette, Tours, 2007

rémi boinot dda centre val de loire

Détails
Vues de l'exposition collective L’un/Foule, la Psalette, Tours, 2007

Documentation filmée de l'installation Toilette Suprême
Vue de l'exposition collective, L’un/Foule, la Psalette, Tours, 2007

© Adagp, Paris