La fin des haricots

Cultiver des légumes et des fruits aujourd’hui est devenu une activité qui s’organise avec un grand contrôle. L’évolution des technologies génétiques et des cultures hydroponiques, associée à la géo-ingénierie sont des transformations apportées par l’humain sur le cours naturel des choses. Les espèces de fruits et de légumes sont modifiées et choisies pour coller à nos désirs de consommation et pour favoriser une productivité et un rendement toujours accru. Afin de satisfaire notre ambition d’accéder à des produits de consommation toujours plus beaux, plus colorés, plus brillants, gros, lisses et parfaits, les scientifiques et les agriculteurs œuvrent main dans la main. Les fruits et les légumes génétiquement modifiés (OGM) combinent à la fois un rendement démultiplié et un aspect attrayant pour l’acheteur. Celui-ci, croyant miser sur le produit le plus beau et de meilleure qualité, acquiert en fait une nourriture dont la qualité nutritive n’est pas à la hauteur de son aspect.

Au regard de ces pratiques agricoles qui privilégient l’esthétique au détriment de la qualité, les sculptures chatoyantes de cette série sont des mutants. Cet aspect exagérément modifié suggère, non sans humour, une maîtrise extrême de la nature. Ces assemblages hybrides correspondent à des idéaux de contrôle et de productivité, découlant des stratégies mises en place par l’industrie agroalimentaire et d’une nature qui pourrait bien devenir un projet technique humain.

Cette esthétique à la fois cadrée et pimpée semble promettre, au-delà des valeurs nutritives qu’apportent naturellement les fruits à notre corps, bien des bénéfices extraordinaires...