Une profondeur de ciel et de chemins

Les trois dessins au crayon de Massinissa Selmani, subtils et immaculés, sont regroupés sous un titre unique, « Une profondeur de ciel et de chemins ». Ils partagent certaines caractéristiques : d'étranges structures architecturales sont vues en perspective, dessinées avec précision mais flottant de manière ambiguë dans l'espace, sans points de référence ni échelle. Un thème commun d'obstruction et de contrôle est suggéré par des chemins impraticables et des ponts brisés. L'utilisation métonymique de l'imagerie par Selmani - un rocher pour la terre, un rectangle d'herbe pour le territoire, un drapeau pour la nation, un nuage pour la liberté - confère aux dessins de vastes implications politiques et métaphysiques.

Dans le premier de la série, N1, deux passerelles tronquées s'étendent sur un mur ombragé ; sur chacune d'elles est placé un fruit, une poire et une orange, qui contredit l'échelle de la structure suggérée par la main courante. Elles pourraient symboliser des plaisirs inaccessibles, puisqu'elles sont placées de l'autre côté du mur, où un drapeau vierge signifie une démarcation territoriale. En bas, à droite, les quatre directions de la boussole pointent vers le nord.

Les trois dessins présentent des paires ou des miroirs. Dans N2, une paire de plans rectangulaires herbeux sont inclinés vers le haut et coupés par une fine feuille verticale ou un mur presque transparent. Derrière eux, une éolienne semble maladroitement interagir avec les nuages qui passent. À la base des deux plans se trouvent une forme enveloppée, attachée avec des cordes et piquetée au sol, ainsi qu'une partie d'un pont incliné qui plane au-dessus de la pente herbeuse.

Dans le troisième dessin, N3, ces deux parcelles rectangulaires d'herbe sont posées à plat, à chaque extrémité d'une passerelle coupée en deux par une barrière semi-transparente, peut-être une feuille de verre. À l'extrémité se trouve un drapeau - toujours vierge - et au-dessus flotte un nuage. Sur le côté le plus proche, la forme d'un arc solide se courbe au-dessus d'un rocher, dessiné seulement dans les grandes lignes, bien qu'il projette une ombre.

Roger Malbert