Quels Ailleurs Quel, Trengewekë hna oth
Commissariat Alain Goulesque
ANDROÏD NOM D’OISEAU
On peut penser qu’on entre avec « modération » dans l’histoire kanak. 1946 est l’année de ma naissance et aussi celle de la fin de l’application du code de l’indigénat institué en 1887 et l’accession pleine et entière à la citoyenneté.
Le temps de la nature et celui des humains conversent dans le clignotement des effrois, des blessures, des colères et des drames. Dès qu‘énoncée l’histoire des histoires survient. Le mutisme lourd, les paroles qui vont par colliers entiers dans les gestes, les rites et les champs - le chemin premier à repasser sans reprendre
IMPORTATION
Bien noté le mot « importation » qui va contraindre à se « déporter », de se rendre absent à toute forme d’anthropologie expressive, d’exotisme mental.
Le plus contraignant devant de tels paysages, c’est de contenir le simple et complexe écart entre ce qui est « bel & beau » avec le temps particulier de la tribu qui vous tient lieu de « non mesure » de l’image, qui n’indexe que le fait d’être là. Là, à l’intérieur de ce qui joue dans le paysage, le mouvement des vagues du lagon, les cris des enfants et les battements d’ailes invisibles alentour..
Textes carnet Luecila Rémi Boinot
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Janv 2018
RASSEMBLER n’est pas proposer à soi, l’idée que l’on pensait multiple, une solution esthétique (*) satisfaisante c’est à dire bancale intrinsèquement.
Puisqu’on pense, et qu’il ne faudrait dans ce cas du rassemblement des « images-têtes » ne pas penser.
Penser c’est ramollir les forces, éparpiller les risques entrevus à l’aveugle-être. Tout une histoire, tout un exercice à jamais « préparatoire ».
Tout un théâtre ombreux qui pleure la lumière vacillante, tout une crampe dans le ventre et dans le cœur qui fait plus mal que zen.
Toute une panoplie de renonciations, de bagarres de doutes alcâlins.
Tout une cascade de langues, d’amours sans mot, de ciels farouches en caravanes mélolodiques.
Tout un art de pierre et de bois et de chair et d’algèbre et de sable et d’écrans transplanteurs.
Toute une démesure dans l’étrange partage avec la pierre et l’âne, le jour clignoteur et la tendre parolade des feuilles.
Tout une blanche annonce avec son semblable, son pareil, son presque.
Toute une poignée d’océans que l’on avale et que l’on crache vers le soleil en riant.
Tout un bazar de bazars, de pétards et de bombes de crevaisons d’âme et de fuites du sang du temps qui s’apocalypse.
Tout un déferlement de nacre et de jade dans une seule respiration minérale.
Tout un stand bye qui ne décompte plus ni ne rassemble ni n’agit pour notre plus grande et effaçable nudité.
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03 02 18
REMPLACER
LES CHIMÈRES PAR DES PRISES DE MUES
le bleu habite
dans le bleu
qui loge
dans le vert
qui verdoie dans la case
ciel nickel
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txt LIVRET 22 dec 20
L’île recouvrée longtemps après que les vieux chants se soient plantés dans ma mémoire avec leurs feuilles-plumes et les battements francs des pieds sur le sol qui répond..
Un vent neuf souffle dans l’esprit transmué en notifications sonnantes et messageries circumambulatoires.. L’île est un Je affirmé, un vous-êtes-ici souverain, où l’on se cache de la pluie des idées globales , pour entretenir son champ d’après.. Les clans patiemment se souviennent de la vitalité des vieux virus..
.Admirer n’est pas un exercice d’esthète.
Ici c’est inopérant.
Nous sommes progressivement comme les baigneuses et baigneurs de Paul Cézanne, avalés par la convexité du paysage..
Vues de l'exposition Quels Ailleurs Quel, Trengewekë hna oth à la fondation du Doute, Blois, 2020