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Marie-Anita Gaube et le théâtre

THIERRY TEXEDRE, 2022

Quelle peinture aujourd’hui induit une théâtralité qui s’ouvre à la souffrance du corps contemporain ?

Par le sens caché d’une spatialisation du corps souffrant qui puise sa commémoration, sa fatidique réalité, dans un mouvement, une spatialisation du corps qui s’épuise à d’autres événements parlants, à d’autres hétéronomies qui prévalent (au risque d’une représentation polymorphe), autres corps institutionnels politiques, philosophiques ancrés dans une économie survalorisée.
Marie-Anita Gaube prend part à cette théâtralité pour montrer cette coupure, la coupure d’une répétition, celle d’un impossible réel depuis une connexion avec l’innommable, l’impossible lecture d’une peinture qui souffre d’une juxtaposition/superposition de l’image photographique supposée montrer le réel en lecture. Voilà bien là le nœud insaisissable d’une lecture en devenir, sans jamais pourtant montrer cette image,ce paysage comme réalité d’un désir sans certitude, d’une vie sans cessation, d’une temporalité sans jouissance.
Un jeu est à l’œuvre ici, comme énumération et grammaire d’un tremblement du réel, du corps peint « dépaysagé »,
dévisagé. La technique employée est moins importante puisqu’elle montre en aplats, proches du dessin, des contours nets pour imposer au regard une colorimétrie onirique des scènes à la David Hockney. Une narration s’y déroule en perspectives « escarpistes » comme le souligne l’artiste lui-même : « c’est-à-dire dans laquelle le regard s’échappe ».
Et les couleurs me direz-vous, et bien elles modulent ce qui parle dans la toile peinte, elles attendent celui qui regarde, en « attendant », elles sont vives, de leur lumière émane le pourquoi de leur agencement, comme si de les regarder montait en nous cette consumérisation sociale, jusqu’à ne plus comprendre que ce que notre propre regard intérieur découvre ici de cette théâtralité, celle d’un corps qui dépense à trop peu penser sa chute.

© Adagp, Paris