Odyssées, 2020
Vue de l’exposition Odyssées, CCC OD - Centre de création contemporaine Olivier Debré, Tours, 2020-2021
Photo : © François Fernandez
Fragments d’un discours amoureux, 2017
Huile sur toile, 120 x 170 cm
© Marie-Anita Gaube
Nouvelles Aires, 2015
Exposition, Galerie Françoise Besson, Lyon
Photo : © Jules Roeser
Étude trouble fête, 2023
80 x 60 cm
Demain, il fera jour, 2023
50 x 39 cm
La nuit parle alors je t’écorche, 2024
Acrylique et découpes sur toile, 200 x 353
Photo : Vincent Royer
Let that water watch over, 2024
200 x 150 cm
Photo : Vincent Royer
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Marie-Anita Gaube, interroge les notions d’hétérotopies, qui, telles que les définissait Michel Foucault, sont des « espaces autres » inscrits dans la réalité. La peinture devient alors un espace contestataire, un lieu de projections utopiques ou fantasmées au sein de la société.
Lieux de passage d'un monde à un autre, ces paysages, ces jardins, se succèdent dans des plans, ou dans des jeux de perspective. Ces lieux prennent parfois un rôle symbolique dans l'imaginaire collectif ou dans la culture populaire, transition entre l'intime et le monde extérieur, entre le soi profond et le soi civilisé. Le regard navigue à travers des mondes aussi lointains que connus, tout est sur le point de muter dans un voyage, certes sans retour, mais qui ouvre à un autre monde, un autre sens.
Comme l’artiste aime le souligner, chacun de ses tableaux en contient souvent plusieurs. Elle semble faire de cette hétérogénéité la matière même de ses compositions dynamiques aux récits enchevêtrés. La surface de la toile devient le lieu de coexistence d’univers multiples. Il peut y faire simultanément jour et nuit. Les points de fuite se démultiplient, les différents plans se juxtaposent tels des écrans et s’imbriquent dans de complexes constructions qui déplient l’espace de la représentation. Comme le cinéaste Sergei Eisenstein à travers ses montages, elle parle de son désir de créer un décalage visuel, une « intranquillité ».
Les protagonistes semblent se livrer à des danses, des rituels parfois étranges, jouant pour certains le rôle de « passeur » à l’image de la « Traversée du monde souterrain » de Joachim Patinir, devenant alors ces témoins immobiles d’un monde qui glisse et se délite.
C'est une peinture en expansion, où le monde semble avancer sans cesse vers un mouvement intérieur. Un geste, une figure, un motif, viennent à certains endroits de ces paysages, faire surgir ou basculer des « pans » vers d'autres possibles, d'autres lectures.
Le paysage, comme un « theatrum Mundi », pourrait alors être comparé à un accord musical, à une consonance, qui met en œuvre de façon harmonieuse, un lieu, un temps et une action.
Le traitement des éléments oscille de la figuration à l'abstraction, donnant ainsi parfois une essence, un état, une personnification à ses paysages.
La peinture de Marie-Anita Gaube induit une théâtralité qui s'ouvre au corps politique et poétique comme une énumération d'un tremblement du réel.
En reliant ces mondes épars, Marie-Anita Gaube en accueille les contradictions et les tensions. Animée d’une indéniable énergie vitale, son œuvre semble aussi traversée d’inquiétudes plus souterraines. Quelque chose d’étrange émane de ces personnages saisis dans des postures aux tonalités irrationnelles, de ces corps un peu perdus dans le paysage qui parfois les absorbe jusqu’à les faire disparaître.
Marie-Anita Gaube aime parler de son travail comme un réalisme magique (appellation introduite en 1925 par le critique d’art allemand Franz Roh pour rendre compte en peinture d'éléments perçus et décrétés comme « magiques », « surnaturels » et « irrationnels » surgissant dans un environnement défini comme « réaliste"). Ainsi la peinture de Marie-Anita parle bien du réel mais un glissement s’opère où le monde devient le lieu de manifestations oniriques, animistes et mystiques.
Vivre dans son imaginaire n'est pas un moyen d'évasion ou de repli, mais bien une réponse au monde qui nous entoure.
Marie-Anita Gaube a été accompagnée par Documents d'artistes Auvergne-Rhône-Alpes de 2017 à 2025. Son dossier dont la mise à jour a été réalisée en 2021 est toujours consultable sur DDA-AuRA.