Jonathan Bablon

Les recherches menées durant la résidence à Pollen consiste en la réalisation de sculptures et de dessins à partir des problématiques actuelles rencontrées par les agriculteurs, agronomes et maraîchers.

On assiste aujourd’hui au développement de différentes méthodes de cultures : certains agriculteurs vont vers ce que l’on appelle « le retour à la terre », tandis que d’autres continuent de pratiquer l’agriculture intensive, témoignant, les uns comme les autres, d’un écart de perception avec la nature elle-même.

On constate ainsi, d’un côté, une volonté d’« intégrer la nature » et, de l’autre, une volonté d’« intégrer un protocole technique ». Un travail en peinture et en sculpture va me permettre d’articuler ces notions opposées, afin de proposer une vision joyeusement utopique de la production maraîchère.

Jonathan observe les plantes avec l’attention d’un botaniste et l’imaginaire d’un rêveur, y cherchant ce que la nature révèle de notre place dans le monde.

Ici, l’ordinaire révèle sa dimension extraordinaire : une pomme de terre dont les germes portent toute sa constellation génétique devient cartographie du vivant ; un maïs bleu géant interroge la logique du rendement agricole et ses dérives… À travers peintures et sculptures oscillant entre documentation botanique et fabulation poétique, les plantes dialoguent et tissent des liens nous invitant à la réflexion. Les dessins puisent dans les planches anatomiques pour dériver vers l’imaginaire : le familier se fait étrange, le banal s’élève en Monde. Couleurs chatoyantes, formes graphiques et coupes anatomiques dévoilent une organisation complexe et une beauté paradoxale.

L’exposition sonde notre volonté de maîtrise à travers ces espaces cultivés où la vie est à la fois célébrée et contrainte. Aucun jugement chez Jonathan, mais des interrogations et un émerveillement qui honorent les liens, ces relations invisibles, tissées entre toutes les formes du vivant. Ces créatures, que l’on croyait si peu organisées, se révèlent porteuses d’une intelligence collective dont nous avons tant à apprendre.

Cette résidence de création en céramique est l’occasion de poursuivre une série de sculptures, celle des récifs affranchis. En détournant le langage de l’impression 3D, substituant à la rigueur algorithmique la conductance de la main. L’extrusion de matière réalisée à la main, engendre des « accidents » formels qui insufflent une vitalité organique. Ces entités, puisant leur morphologie dans les écosystèmes coralliens, incarnent une tension dialectique : elles sont à la fois artefacts techniques et simulacres de vie, objets fonctionnels et icônes d’une fragilité essentielle. En établissant un dialogue critique avec les technologies d’impression, cette pratique sculpturale ouvre un espace de réflexion sur les paradigmes de la réparation et de la durabilité, appliqués à la sphère du vivant. Chaque imperfection, chaque accident formel, devient une empreinte intentionnelle, une signature vivante proche des formes coralliennes qui rompt avec la perfection aseptisée du numérique. Je crée ainsi un espace où la machine devient une extension de mon corps, un outil que je déforme et réinterprète pour exprimer une vision biomimétique.