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Né⋅e en 1990

Vit et travaille à Tours

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Brillance, transparence, matité : un foisonnement de matières et de techniques imprègne l’atelier de Jeanne Cardinal. Je vois des châteaux de sable multicolores, des toupies, des motifs oniriques. Elle y déploie des abstractions narratives et des sculptures d’assemblage non dénuées d’humour. D’emblée, je perçois une curiosité infinie, une générosité de formes et de matériaux employés. La grammaire de l’artiste se dessine en creux, ponctuée par des références à la littérature d’Italo Calvino ou au Livre des Miracles. Jeanne Cardinal compose parfois des œuvres *in situ*. Elle s’inspire par exemple de l’histoire mystique de la Collégiale Saint-Mexme à Chinon. Ses sculptures en forme de flambeaux disséminent une myriade d’indices, ici le signe de l’orateur, là un poisson volant à six ailes. Lors d’une résidence, elle façonne de grands cylindres à partir de moules à gâteaux trouvés chez les voisins. Elle mixe le carton des boîtes à œufs, rebuts et fossiles de notre ère. L’aspect bétonné trouble le regard et crée une confusion quant au poids des sculptures. À Saint-Pierre-des-Corps, elle me dévoile un projet en cours d’élaboration, sa « routine », collages qui lui permettent de jouer avec l’image et de réfléchir à la confrontation des matières. Ils font office de réservoir formel et deviendront parfois des œuvres en trois dimensions. D’une échelle à l’autre, Jeanne Cardinal propose de petits théâtres de papier qui pourraient aussi être des installations monumentales. Ce trompe-l’œil devient un espace architectural au statut incertain, comme celui d’un décor de scène. Le pliage permet un entre-deux, le décollage de la feuille de papier vers le volume. Avec *Mariage d’inclination*, l’artiste dispose des objets sur du Plexiglas et décuple notre perception. D’autres silhouettes apparaissent, la dualité se démultiplie. Ailleurs, des dessins au pastel mêlé à l’aquarelle malaxent les mots et les concepts, là où les terrils se métamorphosent en terres-îles… Elise Girardot, commissaire et critique d’art Texte commandé par le dispositif Chroniques du réseau devenir·art