Lazy wall and the blue ropes
C’est au sein du Cube de la Fabrique du CIAM à l’Université Jean Jaurès de Toulouse que Claire Trotignon présente son exposition Lazy Wall and the Blue Ropes. L’artiste y questionne la notion de l’espace au travers de constructions minutieuses, de territoires irréels. Ses oeuvres naissent par le biais d’une collection de gravures datant du XVIIème au XIX ème siècle entretenu par l’artiste. Elle en puise des parties, les incisent, les taillent, les modèlent et les collent ensuite par petites touches sur un support plat. Ainsi, par ce processus chirurgical, naissent des paysages sérigraphiés qui semblent se déconstruire par eux-même. Une ambivalence se créé entre dé-construction et construction qui entraine le spectateur dans l’exploration de non-lieux, dépourvus de repères géographiques. Le temps ne s’y écoule pas, bien au contraire, il reste suspendu. Lazy Wall and the Blue Ropes en traduction "Mur paresseux et cordes bleues" est un appel à une immersion totale dans des espaces en flottement, une invitation à s'imaginer fouler le sol rocailleux des structures pour se laisser emporter dans un vide méditatif.
Ces mondes autres, Claire Trotignon les construit en puisant son inspiration dans ses souvenirs de vie. Plusieurs éléments lui ont permis de creuser les caractéristiques de la mise en espace: sa ville natale, Rochefort, qui l’influence du fait de sa construction sur des chemins quadrillés mais encore les cartes marines qu’elle a apprit à déchiffrer étant enfant en compagnie de son père. Il y a aussi des personnalités qui ne cessent de nourrir les conceptions de l'artiste : la peintre Julie Meretou avec ses cartographies gigantesques colorées ou bien l'artiste Stanley Brown, dans une approche spontanée et déterritorialisée, qui demande à des passant·e·s dans une rue de réaliser un plan pour le situer dans la ville mais encore la pensée rhizomatique dans la trace de Gilles Deuleuze et Felix Guattari.
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Ses oeuvres ne semblent jamais abouties, elles sont en perpétuel expansion, ne demandant qu'à grandir toujours plus dans l'espace. De ce fait, le dessin ne se réduit non plus qu'à une trace sur une feuille de papier mais s'émancipe en dehors.
Plus que de contempler ses dessins, Claire Trotignon invite le·la spectateur·rice à y pénétrer. Il se trouve être au sein même d’un espace qui devient le support des œuvres mais également le lieu des déambulations. Par le truchement de l’installation, l’artiste inclut le·la spectateur·rice dans ces mondes imaginaires, lui laissant le loisir de s’y promener, de s’y échapper. D'un apaisement inquiétant, il se voit se poser au centre de ces hétérotopies aux allures désertiques mais à la fois propice à la vie. Dans ce paradoxe sublime, les édifices se suffisent pour nous conter une histoire autre qui nous dépasse mais qui nous ramène à la fois à une réalité certaine. Il est amené à s'interroger sur une éventuelle existence fantasmée dans ces lieux inconnus mais qu'il semble re-connaitre.