Italian Ice cream in the wind
Galerie Valerie Bach, La Patinoire Royale - Bruxelles, 2023
Pour sa toute première exposition à La Patinoire Royale | Galerie Valérie Bach, Claire Trotignon prend place sous la verrière de la rue Faider et y présente une sélection de nouveaux collages, dessins et sculptures.
À travers le dessin et l’installation, l’artiste construit sur le papier et dessine dans l’espace. Prolongeant le trait et la trame de fragments recomposés, l’artiste met en œuvre la collision d’éléments hétéroclites, faisant voler en éclats l’aspect perspectif traditionnel et la narration linéaire pour donner lieu à de nouveaux espaces-temps.
En effet, l’hétérogénéité et la multitude des sources produisent une image prismatique. Les topologies de l’artiste jouent ainsi sur des paramètres relativistes, anachroniques, en équilibre sur le vide d’un dessin en réserve.
La conjonction du paysage, de l’architecture et de la cartographie engendre chez elle, une forme de ruine, devenant à la fois le symbole d’une perte et d’une lecture en réserve de notre réel. La ruine est souvent présente dans le travail de l’artiste, c’est une notion en tension entre sa matérialité physique et l’immatérialité qu’elle suggère. Un équilibre entre la trace, le creux et l’écroulement, qui permet de penser la ruine comme l’évoque Alain Schnapp constamment en mouvement dans une forme cyclique de retour de la culture à la nature, il s’agit de percevoir une dynamique plus qu’une opposition, ce peut-être alors un flux, une ligne, un dessin.
Italian Ice cream in the wind dessine cette mélodie dans l’espace, où des fragments volant dans les compositions laissent percevoir l’idée d’une gravité propre à chaque scène.
L’artiste présente pour l’exposition un ensemble d’œuvres nouvelles, à l’image de ce paysage déconstruit dans une brume rose où se rassemble une multitude de temporalités passées et futures. La ruine y est suggérée à différentes échelles, aussi bien spatiales que temporelles. Dans un principe classique de l’usage de la perspective, l’horizon est délimité par cet aplat rose/orangé fluo, celui-ci laisse imaginer un brouillard, une lumière désignée par l’artiste comme une vision post - anthropocène de l’atmosphère, ni menaçante, ni romantique, mais un environnement minéral où la roche s’hybride et prend vie.
Un ciel rose au crépuscule symbolise d’ordinaire une vision romantique et contemplative du paysage. La teinte laisse communément présager un lendemain ensoleillé. Nous savons à présent que la multiplication et l’intensité de ces couchers de soleil observés ces dernières années sont les conséquences de l’augmentation des polluants atmosphériques. On peut alors se demander si le phénomène devrait-il toujours n’inspirer qu’une insouciante forme «d’espoir du lendemain», lorsqu’une posture contemplative devient intolérable.