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Souffles

(...) la série des Souffles, un ensemble d'œuvres réalisées à partir de poissons taxidermisés. Par une forme de transfiguration du regard, et un travail de disparition du socle, Olivier Leroi fait littéralement passer les poissons d'un espace physique à un autre. Ce passage se matérialise par le fait de leur accorder la possibilité de "respirer", condition par laquelle ils tiennent, au sens physique du terme. Maintenu par son souffle, le poisson ondoie dans l'air comme il le ferait dans une eau invisible. Outre son caractère incontestablement esthétique, la beauté de la pièce tient en une suite de glissements qui produisent du sens par ricochet. Elle décrit le poisson par ce qu'il n'est pas, sous la forme d'un paradoxe qui nous en donne une vision limpide, presque sidérante. Ce paradoxe nous en éloigne et nous y reconduit dans le même temps, ainsi que peut le suggérer le ruban de Moebius formé par la courbe de sa queue faisant écho à celle de la bulle. Ce mouvement de va-et-vient entre l'objet pour ce qu'il est et son expansion obtenue par le jeu des analogies est d'ailleurs caractéristique du travail d'Olivier Leroi. Il est proche d'une possible définition de la poésie : conduire vers une essence de l'objet et nous en éloigner dans le même temps, pour libérer le regard de ses conditionnements. Dans le même ordre d'idée, Leroi s'amuse aussi souvent de la relativité d'une approche anthropomorphique du monde, comme c'est le cas du dessin Le creux de la vague, ou de cet autre Sans titre, figurant un pivert tambourinant avec son bec sur une page de sténographie mécanique.

Extrait d'un texte écrit par Marguerite Pilven

La carpe et le territoire, 2024
Carpe ichtyotaxidermisée verre soufflé
25 x 68 cm

Le troisième souffle, 2013
Perche commune ichtyotaxidermisée, verre soufflé
30 x 80 x 20 cm

Le souffle, 2012
Grémille ichtyotaxidermisée, verre soufflé
38 x 9 x 12,5 cm
Goujon ichtyotaxidermisé, verre soufflé
39 x 9,2 x 5,5 cm
Collection Fondation Schneider

Photographies François Lauginie

© Adagp, Paris