Rétrospective
FIORE KNIGHT
Exposition L’enchantement, jusqu’au 29 février 2004 au Musée de la Photographie à Charleroi
Depuis de nombreuses années, Florence Chevallier réalise des photographies en couleur dont les motifs s’attachent à révéler l’importance du désir, du plaisir d’être au monde, sans pour autant écarter la conscience tragique du manque, de l’absence, et des limites.
C’est à partir de son propre corps et de son propre visage, sculptés par la lumière et l’ombre, qu’elle commence à construire une œuvre dont les échos autobiographiques « sont à recevoir non comme la mise en scène de sa vie, mais comme un voyage dans la Psyché ». Cette âme tourmentée qui se cherchait dans les images des miroirs, Corps Autoportraits et Corps à Corps (1980-1987), dans la multiplicité des visages de Soi de la série Troublée en Vérité (1987), dans les scénographies sensuelles et embaumées de La Mort (1989), nous conduit dans les méandres d’un parcours initiatique où l’imaginaire collectif s’incarne tantôt dans les figures stéréotypées du Bonheur (1992), tantôt dans les mythes fondateurs de l’enfance de l’humanité – le Jardin d’Eden, Œdipe. Les Enchantements (1997) se présentent en plusieurs couplets, en des polyptiques diffractés : couple quittant la maison en ruine (couplet n°1), pour se promener au bord des rivières et se cacher dans les roseaux (couplet n°2), puis s’enfoncer dans les profondeurs de la grotte, et former des groupes harmonieux protégés par l’ombre, l’eau et la densité des végétaux qui les entourent (couplet n°3).
C’est en 2000 que l’artiste se met en route vers des paysages élargis, et que s’accomplit le retour à la ville natale : Casablanca. Cette renaissance intérieure s’accompagne d’un élargissement formel amorcé dans la série Des Journées Entières (1999) en partie réalisée à Marseille, ville ouverte vers l’autre rive, personnages aveuglés entre ciel et arbres de la Méditerranée.
La photographie est pour Florence Chevallier une expérience intime qui laisse toujours en suspens l’énigme et sa résolution, l’aveuglement et la lucidité, la légèreté des apparences et la profondeur de notre regard.