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Enchantements 1, 2, 3

1996-1998
Série de photographie argentique

Premier couplet, 1996

Série de dix oeuvres
Tirages photographiques couleur satinés contrecollés sur aluminium
Cadres américains blancs
Huit polyptyques 110 x 93 cm environ
Deux photographies 100 x 100 cm

« Dans L’Enchantement, tout se passe comme s’il redevenait possible de regarder des couples, mais à une distance multipliée, comme s’ils étaient mis en abîme. (...) Surtout ce qui frappe dans ces derniers travaux, c’est l’invention d’une forme nouvelle, très remarquable dans sa parfaite adaptation au propos. L’image du couple y est en effet éclatée en plusieurs prises juxtaposées sur l’image finale (...). Dans certains cas, l’effet est analogue à celui d’une planche contact, qui conserve quelque chose de l’expérience d’une durée et du mouvement (...). À d’autres moments, c’est une continuité de type filmique qui est suggérée, comme si la projection s’était ralentie et déréglée, et que les cadres des photogrammes successifs se recoupent sur l’écran — une continuité en quelque sorte spatialisée. (...)

Outre l’expérience étrange de la durée qui nous est ainsi offerte, tout se passe comme si l’artiste répugnait à livrer une image unique qui serait censée contenir la totalité d’une expérience, d’une relation. (...)

Ce qui est sûr, c’est qu’il y a bien un désir de cinéma dans ces travaux, dans le souci de déplacer l’angle de vision, de recadrer, d’enchaîner ces "écrans" multiples. Le fantasme serait peut-être de surprendre ainsi, dans ces instants et dans ces gestes qui "entourent" une image absente, arrêtée et unique, une vérité plus complexe. (...) On pense à certains films de Rivette, dans lesquels le théâtre a une fonction essentielle, car il permet justement un tel effet de vérité à travers la fiction. (...)

Florence Chevallier, dans le travail qui est présenté ici, semble bien en effet jouer sur cet entre-deux, entre la narration et la rêverie "filmiques", et l’acuité de la représentation photographique.

Régis Durand, L’enchantement, ou comment rendre visible ce qui ne saurait l’être, catalogue de l’exposition « L’Enchantement, premier couplet », Musée Zadkine, Paris, 30 octobre 1996 - 19 janvier 1997


Deuxième couplet, 1996

Série de treize oeuvres
Tirages photographiques couleur satinés contrecollés sur aluminium
Cadres américains blancs
12 polyptyques de 110 x 93 cm environ
Un diptyque de 50 x 100 cm

« En 1993, Le Bonheur s’épuisait dans l’opulence du jardin clos et de la maison gardant le couple prisonnier de ses propres images, de sa représentation figée. Oeuvre de maîtrise, de violence, d’obsession.

L’Enchantement, en 1996, s’éveille par le mouvement et une fragmentation dynamique. Telles de multiples échelles reliant la terre au ciel, ces images mélangent le temps vertical du divin, à celui horizontal de l’humain, laissant des échappées imaginaires sur tous les bords, comme si notre présence et notre finitude se répétant, se perpétuant et s’acceptant, créait un espace plus vaste, à explorer. La juxtaposition d’une scène et de ses fragments alentours, nous indique qu’il faut se déplacer pour voir mieux, ne pas focaliser, laisser notre regard et notre pensée errer d’un détail à l’autre, d’un cadre à l’autre, d’une présence parfois multipliée à son absence tout aussi éloquente. Le couple ainsi mis en scène, se tient, se dédouble, se détache, peuple les espaces, occupe les vides, les pleins du paysage. Il n’est plus bloc solitaire et distant muré dans le non-dit, comme dans Le Bonheur : il bouge, traverse un dédale d’images décalées, regarde le monde, tantôt ruines (premier couplet : une histoire à reconstruire), tantôt splendeur (deuxième couplet : quête mythique). Cette innocence que les apparences trompeuses avait enterrée, resurgit dans le flux des désirs et la légèreté de leur apparition. Petit à petit, le temps s’agrandit, dans l’évidence de notre présence passagère. Le sens du couple n’apparaît que dans cette conscience d’une durée acceptée, d’un compagnonnage libre et complice. (...) »

Florence Chevallier, 1997


Troisième couplet, 1997

Série de onze oeuvres
Tirages photographiques couleur satinés contrecollés sur aluminium
Encadrement bois teinté et verre
7 diptyques 80 x 160 cm
1 triptyque 80 x 160 cm
3 photographies 100 x 100 cm
Tirage limité à 5 exemplaires

Collection du FNAC

© Adagp, Paris