Situation, Aller dans le décor
Placoplâtre, bois, peinture incrustation verte, mousse acoustique, bande son
Le parti-pris de « micro-espaces » dans le manège, pour chacun des artistes, me conduit à faire de mon « micro-espace » une installation. Celle-ci prendra la forme d’une construction en Placoplatre dans laquelle le visiteur pourra se déplacer. Telle une pièce d’habitat, avec portes et fenêtres, cet espace sera recouvert de peinture verte « incrustation », celle utilisée dans les studios vidéo et cinéma pour assembler des personnages ou objets dans un décor ou paysage où ils n’étaient pas. Deux espaces, le réelle et le virtuel, deux temporalités assemblés pour faire UN. Des éléments de topographies seront installés autour de cet habitat et même le pénétreront, eux aussi recouverts de peinture « incrustation ». Un «rocher son», forme facetté de roché simplifié, sera recouvert de mousse acoustique pyramide, celle utilisée dans les studios d’enregistrement. Cette sculpture sera posée sur un des éléments de topographie. De plus, une bande son sera diffusé dans cet espace. Elle sera composée d’un son « abstrait » entre grincement et craquement de faible niveau et à intervalle très irrégulier, le son d’un hélicoptère à un niveau plus élevé. Le spectateur sera confronté à un collage ou montage, dans un paysage abstrait, où différentes situations seront juxtaposées et où l’instabilité dominera.
«Si le pavillon joue dans l’imaginaire collectif français un rôle prépondérant, Situation, Aller dans le décor, en perturbe totalement le symbolisme. Bernard Calet avec cette œuvre, réduit le pavillon à une ruine par anticipation, exposant jusqu’à l’absurde ses caractéristiques spatiales. Il devient ici une sorte de décor factice perturbé par un son obsédant (bruitage d’hélicoptère). Quant au paysage fantôme qui l’entoure, il réaffirme que nous sommes bien face à un décor pour une fiction à venir. En utilisant la peinture verte qui sert habituellement aux plateaux de télévision pour réaliser les incrustations, Bernard Calet réaffirme combien il crée une tension, de mise à l’épreuve de ces objets les uns par rapport aux autres. Avec un paysage qui devient habitation et une habitation qui se transforme en une forme épurée de paysage, naît le sentiment d’un monde désenchanté, d’un monde où le simulacre, le virtuel, la normalisation des modes de vie, ont remplacé l’expérience singulière de la vie.»
Damien Sausset