Plumes

Marguerite Pilven : Parle moi de ton œuvre intitulée La frange :

Olivier Leroi : Mon travail aborde beaucoup la question de l'échelle, soit pour s'y balader librement soit pour l'ajuster. Dans le cas de La frange il s'agit plutôt d'un ajustement, d'une analogie perçue entre la longueur de la plume et sa forme correspondant au contour d'un visage. A l'époque j'avais quantité de coq qui laissaient des plumes lorsqu'il muaient. Sur cette plume légèrement cassée apparaît aussi comme l'évocation d'un arrondi de joue. On n'est pas loin de l'icône, avec ce centre, ce vide cerné qui conduit l'attention vers un centre magnétique. L'icône byzantine attire pareillement vers le visage du saint par le contour.

Paul Ardenne avait parlé dans un texte de "collusion symbolique". Lorsque deux personnes se regardent, dans le face à face entre deux êtres, il y a de l'énergie qui circule, une émotion. Dans le cadre d'une exposition, il serait intéressant d'exposer cette œuvre dans une pièce isolée et de disposer un fauteuil en face, pour le visiteur. Ce qu'il peut y avoir d'intéressant ici, c'est que cette frange, et l'espace qu'elle définit peut inviter à superposer le traits de son visage sur cette espace, dans l'idée d'un visage en miroir, ou d'une expérience de l'altérité, de "l'autre en soi".

Marguerite Pilven : Cette œuvre me fait penser aux têtes de Brancusi...

Olivier Leroi : La tête de Brancusi reflète le monde, c'est un miroir. Elle est tout le temps en relation avec le milieu qui l'entoure, c'est un réceptacle, ça accueille le monde. L'or n'est pas une couleur, elle est un révélateur.

Extrait d'un entretien entre Marguerite Pilven et Olivier Leroi