Une archéologie du présent
Madeleine Filippi, juin 2023
Des bas-reliefs étranges, des architectures insolites ou encore des installations énigmatiques peuplent l’univers d’Anne Houel.
L’artiste questionne l’architecture à travers le prisme du temps et de la mémoire. Entre apparition et disparition, une esthétique de la ruine se dessine sous nos yeux. Telle une archéologue, elle puise son inspiration de souvenirs ou au sein des territoires où elle est amenée à créer. Elle prélève des artefacts de ces paysages en transformations, fragments d’architectures, restes de béton et collectes végétales qui portent en eux l’estampille d’une histoire passée qu’elle vient raviver.
Toujours dans cette posture de l’artiste - chercheuse, la cartographie et le dense travail de recherches d’après archives qu’elle expérimente lui permettent de mettre en place de véritables typologies formelles et autres investigations créatives.
Depuis quelques années, elle a entamé une réflexion autour des architectures - refuges comme en témoignent les séries Cabanes ou le projet sur le modèle du bunker individuel, le Tobrouk. Ainsi, Anne Houel nous guide de la ruine à l’idée de sauvegarde que l’on retrouve notamment dans ses œuvres in situ, de manière plus ou moins prégnante. Dans Cultures par exemple, cette forme entre l’habitation et la serre de jardin vient accueillir une mise en culture de rebuts et de végétations propres à la ruine. Par ailleurs, cette notion de préservation dans les oeuvres insitu apparait à la fois par l’activation par le public et le recours à la symbolique du jeu ce qui permet à l’artiste de convoquer une mémoire collective.
Sans jamais s’éroder, l’œuvre d’Anne Houel fonctionne en rhizome, dans lequel chaque sculpture et série deviennent un élément de langage, de compréhension de l’architecture qui nous entoure. Loin du simple témoignage, elle élabore une archéologie du présent pour témoigner de la fragilité de notre environnement.