Vivant résistant

A même le sol, ces dentelles de béton représentent, tel un négatif, les vides provoqués par le manque d’eau des terres asséchées. Cette installation a été imaginée lors d’un voyage sur les bords de Loire à vélo, d’un choc provoqué par la profondeurs des sillons des paysages asséchés. Les craquelures sont matérialisées dans cette matière problématique, responsable d’une grande production des gaz à effet de serre, et contribuant fortement au réchauffement climatique et à l’assèchement global. Cette pièce révèle la prolifération des constructions de béton, tel un réseau sans fin, toujours plus nombreuses et absurdes.

Comment continuer dans ce monde à la croissance toujours aussi démesurée ? Comment pouvons-nous générer du foisonnement fertile plutôt que d’épuiser nos ressources ? Comment réduire nos productions ?

Ces dessins sont réalisés à partir d’huile de vidange. L’huile noire usagée pénètre dans le papier pendant de long mois, voire années. Les métaux lourds se décomposent lentement à travers les strates du papier. La couleur noire est filtrée par les fibres du papier, et retrouve progressivement sa couleur d’origine. Son long procédé est fixé sur le papier, à travers de drôle d’auréoles, produisant des effets nuageux très singuliers. Les 15 dessins représentant une galerie souterraine, sont la métaphore d’une lente progression ou cheminement sombres et tortueux de l’artiste, dans le champs de l’art contemporain.

Des gouttes de bitume sont emprisonnées entre deux plaques de verre. Résultat d'une matière morte en mouvement, elles migrent et se déplacent en empruntant les lois de la physique, les codes du vivant. Le goudron bitumineux est une matière qui ne sèche jamais vraiment, à l’instar de la matière verre qui ne peut être identifiée ni solide ni liquide, mais d’un entre-deux. Par la séduction des dessins organiques que le bitume emprunte, il est question d’anthropocène et de transformation.
Sous forme d’une présentation muséale et/ou laborantine, ce dispositif évoque les premières plaques photographiques usant du bitume de Judée, et questionne notre regard — qui traverse ces fenêtres— sur le monde actuel et ses problématiques.

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