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Iconographie d'une mémoire culturelle

Laëtitia Toulout

Le bruit du crayon sur le papier, la précision du tracé, les pinceaux qui viennent apposer les couleurs, de manière fidèle, d’après modèle ; un objet, un dessin et le dessin de l’objet qui vient rejoindre une somme d’autres dessins, classés par types d’objets – crayons, pinceaux, instruments de musique, jouets, appareils électroniques, produits ménagers, outils de bricolage…

Visseuses, mandolines, tubes de dentifrice… – Les dessins des objets issus de l’entourage de l’artiste sont classés, référencés, exposés par catégories choisies. Une production qui paraît sans fin : les images s’additionnent, le rythme s’accélère, et nous voilà comme engloutis par ce foisonnement iconographique.

Cette logique d’accumulation est au centre de la pratique d’Alain Biet, depuis la genèse de son œuvre. Dès les années 1980, ses créations envahissent les espaces d’expositions : il s’agit alors de matières organiques et de leurs déchets générés.

Les œuvres paraissent se développer d’elles-mêmes, telles les formes du vivant qui intéressent alors l’artiste. Elles sont autonomes : ce fait se confirme avec des installations, qui sont à la fois le procédé photographique et l’image qu’il génère. Ce trait s’accentue quand le système de l’œuvre est enfermé en son sein, conduisant l’artiste à produire le dessin pour expliquer ce qu’on ne peut pas voir. C’est tout naturellement que ce double attrait d’Alain Biet pour l’accumulation et la pédagogie l’amène à s’intéresser à une encyclopédie, dont il reproduira, précisément et en couleurs, les dessins d’appareils optiques, en miroir à ses propres instruments.

Son travail consiste aujourd’hui en une véritable encyclopédie iconographique. Inlassablement, Alain Biet reproduit des sommes d’objets d’apparence ordinaires, mais qui ont chacun leurs particularités, leurs histoires, et qui, l’air de rien, témoignent de l’universel.

© Adagp, Paris