La série des pertes

La série des pertes, 1993
En collaboration avec Bertrand Vyain

Il s’agit d’un ensemble de traces de voyage réalisé en Algérie dans le Grand Erg Occidental.
L’expérience a consisté à recueillir des images photos prises par des sténopodes (25 sténopés patatoïdes en bois) qui ont été ensuite abandonnés dans le désert sur le lieu ou a été capturée l’image photographique.
Chaque objet a été géolocalisé et dessiné à l’emplacement de son abandon.

Avec la série des "Pertes", c'est un voyage en aveugle que nous invitent Alain Biet et Bertrand Vyain. Le terme "en aveugle" peut paraître paradoxal pour qualifier une série de dessins et de photographies prises au cours d'un voyage. Mais les dessins de Biet nous apprendront rien ni des lieux ni du trajet : il s'agit de notes d'atelier qui précèdent la fabrication de boîtes. Quant aux photographies que Vyain obtient en plaçant des papiers sensibilisés au fond des cavités qui leur sont réservées face aux sténopés (remarquons qu'il peut y avoir jusqu'à trois sténopés par boîte), elles ne nous livrent que des images auxquelles l'imprécision des figures et le cadre donnent un aspect vieillot. Seuls la date, le temps de pose, l'axe de visée, la longitude et la latitude (relevées par une balise perfectionnée de navigation) très précisément inscrits en bas de chaque feuille comme s'ils étaient plus importants que le site représenté, nous permettent de localiser chaque photographie en un point du désert saharien, plus précisément dans une zone qui s'étend entre le Grand Erg occidental et le plateau du tademait, aux environs de Beni-Abbes, Timimun et El Golea. Mais là encore, rien n'est dit de l'itinéraire ni des chemins parcourus. Ainsi nous amuserions-nous à reporter sur une carte les coordonnées des photographies afin de retrouver la route suivie, celle-ci, ne serait probablement pas la bonne car nos deux compères ont sûrement navigué en zig zag, au gré de leur fantaisie : en aveugle.

Extrait du texte de Philippe Peltier, 1993